Rym Momtaz, géopolitologue à l’International Institute for Strategic Studies était l’invitée du “8h30 franceinfo” dimanche 2 juin 2024.
Rym Momtaz, géopolitologue à l’International Institute for Strategic Studies était l’invitée du “8h30 franceinfo” dimanche 2 juin 2024. La paix est-elle possible à Gaza ? Donald Trump menace-t-il la démocratie aux États-Unis ? Elle répondait aux questions de Jean-Rémi Baudot et Jean-Jérôme Bertolus.
Israël et le Hamas sont appelés à "finaliser" un accord de cessez-le-feu sur la base du plan annoncé par le président Joe Biden, au 8e mois de leur guerre dans la bande de Gaza. "Il faut toujours (y) croire [...] mais on a un peu de mal à voir comment on va y arriver", note Rym Momtaz. Alors qu'Israël poursuit ses bombardements, Benyamin Nétanyahou doit faire "un choix cornélien". Deux ministres d'extrême-droite menacent en effet de démissionner en cas de cessez-le-feu. Il faut comprendre qu'il "y a plusieurs chapelles" en Israël qui se font concurrence, notamment le Mossad et le cabinet de guerre, expose la géopolitologue. Côté palestinien, le Hamas, selon elle, a intérêt à un cessez-le-feu "pour essayer de se reconstituer, de se réorganiser". Il est "affaibli".
Joe Biden a présenté la feuille de route rédigée par les États-Unis. Pour autant, le président américain avait fait de Raffah une ligne rouge qui a été franchie. Malgré le levier important des armes qu'elle fournit à Israël, "l'administration américaine peine beaucoup à façonner la conduite de la guerre par Israël", observe Rym Momtaz. "Il y a clairement une question qui se pose sur le standing des États-Unis dans le monde, sur leur capacité à peser sur des questions importantes. Oui, ils en sortent affaibli".
En Israël, la vision du "jour d'après" pour la coalition d'extrême-droite, "consiste à réoccuper la bande de Gaza, à reconstruire des colonies. Ce n'est pas la vision de tout le monde dans le cabinet de guerre", assure la géopolitologue Rym Momtaz. Côté palestinien, la solution à deux États divisent également. "De décembre à mars, il y a eu un doublement du soutien parmi les Gazaouis pour une solution à deux États. Alors qu'en Cisjordanie, seuls 30% croient et soutiennent une solution à deux États".
"La France a un rôle à jouer plutôt auprès des Arabes, estime Rima Momtaz. Elle a encore des leviers avec l'Égypte, de bonnes relations avec le Qatar. Mais avec Israël, elle a peu de leviers", ce qui est peu surprenant, selon la politologue, vu qu_'"Israël n'écoute pas les conseils des États-Unis de qui ils dépendent"._
"C'est très problématique pour la démocratie aux États-Unis parce qu 'une partie de la population le croit. On parle de 30-35% de la population", rapporte Rym Momtaz. "Les institutions sont mises en cause [..] On ose espérer qu'il y a encore des garde-fous pour éviter de basculer dans le totalitarisme", avance la géopolitologue qui a longtemps été journaliste aux États-Unis. Mais elle craint pour la paix civile. "Aux États-Unis, la politique a toujours un niveau de violences plus élevé qu'en Europe. Beaucoup de gens ont des armes. Donc, on n'est pas à l'abri d'un dérapage ou d'émeutes assez fortes".
Regardez l'intégralité de l'interview de Rym Momtaz :
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