J’ai une patiente qui souffre de ses règles depuis des années. Elle a erré de médecins en médecins, et se voyait dire qu'il était tout à fait normal que les règles fassent mal, quand ce n'est pas dans la tête… Sous-entendu : "vous exagérez un peu madame"….
Comme autant d'autres petites phrases : "Il faut des vacances, vous détendre", sous-entendu encore : "C’est un peu dans ta tête, et c’est un peu ta faute aussi, tu n’as qu’à être dé-ten-due !" Et personne pour se mettre à sa place, celle d’une personne qui souffre le martyre tous les mois, pendant 4 à 6 jours, et qui sait que cette souffrance va revenir le mois prochain, encore et encore.
Oui mettez-vous à la place de cette personne, on lui a prescrit une échographie et comme l’échographie n’a rien montré on a dit : circulez, il n'y a rien à voir.
Jusqu’à ce qu’elle tombe sur un médecin un peu plus concerné que d’autres « si l’échographie n’a rien montré cela ne signifie pas qu’il n’y a rien. Jusque que l’échographiste n’a rien pu voir. Ou que ce n’était pas le bon moment du mois pour bien voir. On va faire une IRM pelvienne madame ! On voit mieux avec les IRM. »
Et là, endométriose !
Partout : derrière la vessie, autour de l’anus, tout autour de l’utérus. Chaque mois avec les hormones ça gonfle ça serre ça fait mal.
Elle est opérée, elle va mieux, elle peut même, ENFIN, tomber enceinte. Vous imaginez ? Fin de dix ans d’errance médicale et un bébé. Et là, elle apprend, tenez-vous bien, que la Haute autorité de santé s’apprête à valider l’utilisation d’un test salivaire pour diagnostiquer son endométriose. Je répète : UN. TEST. SALIVAIRE. Vous imaginez ?
Imaginez qu’en plus, ce test coûte 800€ et ne sera remboursé par la Sécu que dans des conditions exceptionnelles.
Eh bien oui, la recherche scientifique privée ça a un coût, et il faut rentrer dans ses frais tout en maximisant ses profits. Désolé les frangines ! Je vous demande un vrai exercice d’empathie, là.
Qu’est-ce que ça doit faire mal dans la tête et le cœur de se dire que vous avez souffert dix ans, que vous avez été traitée de demi-folle par le corps médical, et qu’en plus vous ne pouviez pas avoir d’enfant tout ça pour que finalement vous appreniez souffrir d**’une maladie qui touche au moins une femme sur dix, une femme sur dix !** Et qui, en plus, pour peu que la recherche scientifique se bouge un peu, pourrait être diagnostiquée en crachant du mollard dans un tube à essai ?
Vous vous sentiriez comment, à la place de cette femme ?
L'équipe
- Production